Par Dr Jean-Claude DESLANDES
"L'homme n’est point fait pour méditer mais pour agir "
J-J ROUSSEAU

Le traitement des urgences en France aujourd’hui est un sujet épineux de par ses enjeux.
De nombreux acteurs sont concernés par ce secteur d’activité qui déclenche souvent des débats aussi divers que variés.

La médecine d’urgence en quatre points :

- " En matière de secours il n’y a pas de remède miracle. "
- " L’oxygène c’est la vie "
- " Secourir, c’est d’abord communiquer "
- " Secourir, c’est calmer "

… tout ce qu’il faut savoir pour être un parfait urgentiste !

UN PEU D’HISTOIRE
LES MOYENS ACTUELS

LE CONCEPT

A LA SUITE DE CETTE ÉVOLUTION, BEAUCOUP DE PROGRÈS ONT ÉTÉ OBSERVÉS.

QUELS SONT LES PROBLÈMES SOULEVÉS EN TERMES ADMINISTRATIF ET ORGANISATIONNEL ?
UN PEU D’HISTOIRE

* HIPPOCRATE
"Il faut profiter de l’occasion pour porter secours avant qu’elle n’échappe, et on sauvera le malade pour avoir su en profiter"
II ème siècle
Les romains développèrent les premiers hôpitaux militaires et un corps de cavalier ambulancier
L’EMPIRE
Dominique LARREY a organisé et structuré la chaîne de secours, depuis le lieu de l’accident à la structure de secours.
Fin XIX ème 
L’invention du téléphone a servi à faciliter l’alerte.
1924
Le médecin COT, chef des pompiers de Paris, a mis au point et déterminé le temps d’intervention, a traité sur place l’asphyxie et a modernisé l’équipement.
Deux événements dans les années cinquante :
- l’épidémie de poliomyélite a imposé de transporter les victimes jusqu’aux hôpitaux;
- l’hécatombe routière a permis la prise de conscience collective que l’on pouvait aussi transporter les accidentés de la route;
Ces deux événements ont fait naître le concept de médicalisation des secours parallèlement au développement de l’anesthésiologie moderne.

Cette médicalisation des secours se traduit chez les pompiers par la mise en circulation des premiers VSAB (Véhicule de Secours aux Asphyxiés et aux Blessés) et du développement de la formation secouriste.

Dans les hôpitaux, elle se traduit par l’installation des premières structures hospitalières.
les années 70
Le concept de médicalisation se développe, mais les moyens restent faibles.

Les Centres de Secours de France disposent tous d’ambulances, et les hôpitaux sont équipés de SMUR.
les années 80
La loi du 06 janvier 1986 donne un statut juridique aux SAMU en officialisant le fait qu’ils soient équipés d’un centre de réception et de régulation (adaptation des moyens) des appels.

De plus, les départements engagent des médecins professionnels.
les années 90
Les deux structures (Sapeur-pompier et hôpitaux) connaissent un développement parallèle et redondant. Chaque structure essaie de justifier les moyens qu’elle engage.

Deux événements sont à noter :
la décentralisation : elle crée la délégation des pouvoirs aux collectivités locales et fait que l’Etat se désengage progressivement de son rôle.
-  le budget global dans les hôpitaux diminue (ce qui pose des controverses quant au fonctionnement onéreux du SAMU).

LES MOYENS ACTUELS
SDIS
Hôpitaux
- 16 500 centres de secours - 105 SAMU
- 355 SMUR

Personnels
- 240 000 sapeurs-pompiers
- 6 500 médecins
- 600 pharmaciens
- 200 vétérinaires
- 700 infirmiers

Personnels
- 500 médecins
- 600 infirmiers

Matériels
- 8000 VSAB et AR
- 1000 VRM
- 30 hélicoptères
Matériels
- 380 AR
- 200 VRM
- 28 hélicoptères
LE CONCEPT de la médecine d’urgence tourne autour des cinq notions suivantes :
- alerte
- régulation
- prompt secours
- médicalisation
- transport
A la suite de cette évolution, beaucoup de progrès ont été observés.
Cependant "Etre français, médecin et anesthésiste ne suffit pas pour avoir raison" ! .
En effet, il faut considérer que d’autres personnes ou professions peuvent être tout aussi compétentes pour effectuer les premiers gestes de secours.
De plus, il ne faut pas infantiliser les autres médecins, non spécialisés, et qui possèdent, comme les médecins anesthésistes, des compétences médicales.
Elitisme, individualisme, verticalité, bloquent toute modernité.

Nous pouvons relever dans cette organisation des secours trois points positifs importants :
- Un parfait maillage du territoire
- Une bonne maîtrise des interventions spécialisées
- La possibilité de disposer d’une haute technologie

Mais certains points posent encore problème :
- La redondance des secours (Sapeurs-pompiers, Hôpitaux)
- Le coût
- La raréfaction des anesthésistes et alternative non préparée
- Médicalisation pré-hospitalière systématique

On note en France une démobilisation des premiers intervenants, et un retard dans l’émergence des Trauma Centers.

De plus, se pose également un problème en terme de débat d’idées.
Tous les acteurs concernés par ce problème s’opposent parfois sur certains points de l’organisation.

Il existe en effet un retard conceptuel en France.

Ø Le débat "scoop and run" (EU) et "stay en play" (France) exprime les fortes controverses concernant l’attitude à adopter face à un accident impliquant des victimes.
Faut-il les transporter le plus rapidement dans une structure de soins (EU) ou bien commencer les premiers soins sur le lieu de l’accident et conditionner la personne (France)  ?

Sachant que la survie de la victime va dépendre des premiers gestes à son égard, quelle est la meilleure attitude à adopter ?

Ø De même, on note en France un manque certain d’une culture publique du secours.
Un bon secouriste est d’abord un secouriste présent sur les lieux de l’accident et qui possède les connaissances minimales pour éviter une aggravation de la situation.

Ces gestes sont simples, et d’une efficacité certaine s’ils sont correctement effectués.
Un développement de la formation relative aux premiers gestes qui sauvent semble une évidence dans certains pays.
D’autres, comme la France, observent un retard dans ce domaine étant donné que l’on ne différencie pas le médecin et ce qui procède de la médecine.

Quels sont les problèmes soulevés en termes administratif et organisationnel ?
* Au niveau des structures
L’organisation des secours dépend de deux ministères : celui de la Santé (pour la bonne pratique médicale) et celui de l’Intérieur (pour l’organisation opérationnelle et pour les médecins sapeurs-pompiers).

* Au niveau du numéro d’urgence
Actuellement se développe le numéro d’urgence européen (le 112).
Cependant, on constate encore aujourd’hui des campagnes de développement pour le 18 (sapeurs-pompiers) et 15 (SAMU), ce qui démontre un manque de culture commune du secours.
* Au niveau des départements
Il y a une perte d’égalité des secours selon les départements.
La cause en est le refus de certains conseils d’administration des SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) de payer.

Les propositions pour remédier à cette situation sont diverses :
- abattre les murs entre les structures et les spécialités
- partir des besoins
- décider d’une tactique et mettre en place des protocoles d’action pour l’évaluer et la valider

L’évolution de ce domaine passe par un changement des mentalités, et par une mesure rationnelle de la situation.
La création d’une structure dédiée aux urgences pourrait permettre d’aller dans ce sens.

A ce jour,
suivre les directives européennes semble être un moyen de simplification et d’unicité dans le domaine de la médecine d’urgence.

De plus,
des accords entre ministères peuvent apporter reconnaissance et création de la profession d’urgentiste qui est,
pour le moment non reconnue.